Car express Arès – Bordeaux : 11 propositions pour mettre fin au désastre !

Avec plusieurs collègues élus métropolitains, nous avons voté contre le financement par Bordeaux Métropole de cette ligne à hauteur de 330 000€ par an, co-financée par NAM et la Région Nouvelle-Aquitaine, lors du conseil métropolitain du 26 septembre 2025.

Anny Bey, conseillère municipale de Lège-Cap-Ferret

L’initiative d’une ligne de car express est une décision salutaire et attendue pour connecter nos deux territoires au regard de l’absence de ligne ferroviaire vers le nord Bassin. Mais, alors qu’une ligne de car express doit contribuer à augmenter les fréquences, réduire les temps de trajet, augmenter l’amplitude horaire, la qualité de voyage et le confort d’attente aux arrêts, cette ligne fait l’exact inverse en dégradant considérablement la qualité de service.

Avec des temps de trajet entre le nord Bassin et Bordeaux Métropole allongés de 30 minutes environ, ces choix laissent de nombreux usagers sur le quai et nous avons reçu, avec ma collègue élue de Lège-Cap-Ferret Anny Bey, de très nombreux témoignages :

  • des étudiants du nord Bassin rejoignant le campus à Talence voient leur qualité d’études grandement affectée ;
  • Des lycéens de Saint-Jean-d’Illac scolarisés au lycée Simone Veil d’Andernos sont épuisés par les effets de l’ajout d’une nouvelle correspondance à Querquillas, chaque jour incertaine au regard du trafic routier et des retards. Les lycéens de la Presqu’ile du Cap Ferret, qui doivent maintenant effectuer jusqu’à 2 correspondances pour rejoindre ou rentrer de leur lycée, subissent les mêmes dégradations ;
  • les habitants de la Métropole rejoignant le nord Bassin voient leur temps de trajet fortement dégradé ;
  • les travailleurs de Lège, Arès et Andernos rejoignant la Métropole perdent une heure de temps en plus par jour en moyenne dans les transports ;
  • les touristes sont déboussolés par des correspondances pénibles et inadaptées au transport de leurs effets personnels (valises, planches de surf…).

Alors que la COBAN bénéficie dorénavant d’un réseau de transports en commun sur son territoire, il est vraiment triste que ce choix d’itinéraire non concerté gâche autant la vie des habitants de nos territoires respectifs.

Les trois collectivités organisatrices de cette ligne (NAM, Métropole et Région) doivent apporter au plus vite des réponses aux usagers.

Nous avons toutefois fait face à un mutisme généralisé des initiateurs de la ligne qui n’ont pas été plus sensibles à nos demandes qu’au torrent de plaintes des usagers, aux centaines de pétitionnaires contre cette nouvelle ligne et à la consternation du maire d’Andernos les Bains au conseil communautaire de la COBAN. Avec ma collègue élue de Lège Cap Ferret Anny Bey, nous déplorons que le président de la région, la présidente de Bordeaux Métropole, la présidente du Bureau des maires de la COBAN et le maire de Lège-Cap Ferret se murent dans un silence incompréhensible dans un contexte où, au contraire, des actions fortes des élus sont attendues pour redonner confiance aux citoyens dans leurs représentants. Nous tenons de surcroît à souligner l’abnégation des conducteurs de la ligne qui continuent à assurer le service dans ces conditions tout en assistant, impuissants, à la détresse des usagers.

Dans ce contexte nécessitant une réponse urgente et après réception de nombreux messages et signalements d’habitants, nous demandons la mise en place d’actions de court terme et de moyen terme pour répondre aux besoins de nos concitoyens désespérés par ces choix politiques. Une partie de ces propositions figurent dans l’édition du jeudi 9 octobre de la Dépêche du Bassin.

Actions de court-terme dont nous demandons la réalisation sans délai :

  • Action n°1 : reprise du passage par les cœurs d’Andernos, d’Arès et de Lège par l’ensemble des autocars via le lycée Simone Veil et les centres-villes d’Andernos, d’Arès et de Lège. Le choix de ne plus desservir les bourgs est le produit d’une mauvaise compréhension des flux sur notre territoire : les trois communes du nord bassin ont besoin d’être connectées entre elles au regard de l’importance des flux intercommunaux dans les déplacements du quotidien. Fragmenter les lignes ne peut être que voué à l’échec ;
  • Action n°2 : Remise en place, sur le territoire métropolitain, des arrêts de la Place Gambetta, Dutertre, Bel Air/Clinique St Augustin, la Glacière et Oscar Auriac ;
  • Action n°3 : Remise en place des 9 départs allant jusqu’à La Pointe du Cap Ferret et des 10 départs quotidiens allant de La Pointe à Bordeaux. L’ajout d’une correspondance obligatoire désempare les usagers réguliers mais aussi les touristes. La connexion directe des villages de la Presqu’île vers le lycée Simone Veil, existant auparavant avec la ligne 412, constitue par ailleurs une préalable indispensable pour préserver la qualité de vie de nos lycéens qui nous font remonter des allongements de trajet pouvant aller jusqu’à plus d’une heure en heure creuse. Ils n’ont pas de temps à perdre dans des correspondances longues et inutiles ;
  • Action n°4 : Substitution de 9 départs de la ligne 3 du réseau Alégo (Arès-Lège PEI <-> La Pointe) par les 9 départs recréés sur le car express sur la même liaison ;
  • Action n°5 : Acceptation tarifaire des titres Alégo sur la ligne de car express ainsi modifiée. Le financement de cette mesure pourrait être négocié avec NAM, Bordeaux Métropole et la Région et accompagné de réductions d’offre sur les dessertes du réseau Alégo qui font doublon avec la ligne de car ainsi modifiée ;
  • Action n°6 : Réduction des coûts d’exploitation de la ligne, grevée par 28% de km techniques non commerciaux effectués à vide (« haut le pied ») en mutualisant les infrastructures avec le réseau Alégo. Nous proposons la conclusion d’une convention entre la COBAN, Nouvelle Aquitaine Mobilités et la Région Nouvelle Aquitaine visant à permettre au concessionnaire de la ligne de car express de s’avitailler sur le dépôt du concessionnaire du réseau Alégo situé dans la zone d’activités d’Andernos les Bains et d’y stationner les autocars effectuant les derniers départs du soir depuis Bordeaux afin qu’ils puissent effectuer les premiers départs de la ligne depuis le Nord Bassin sans avoir à venir du dépôt de Bassens.
    • Le premier autocar venant de Bordeaux arrive en effet à Arès-Lège à 7h30 après que 8 départs se soient effectués vers Bordeaux depuis Arès-Lège à partir de 5h30. Ces 8 départs ont donc rejoint leur point de départ à vide depuis Bassens avec un coût improductif important pour les collectivités. 2 départs du soir Bordeaux-Arès rentrent par ailleurs à vide vers Bassens.
    • Le stockage des véhicules à Andernos permettrait de passer le nombre de km « haut le pied » (trajets réalisés à vide) pour ces 8+2 départs de 60 km (Bassens-Arès) à 10 km (Andernos-Arès) soit une réduction de 500 km de trajet à vide par jour. Sur une année pleine, cette absence d’anticipation du stationnement des véhicules représente près de 125 500 km en année pleine (du lundi au vendredi) qui pourraient être évités sur un total de 981 324 km (km commerciaux + haut le pied), de quoi baisser les coûts de fonctionnement de plus de 500 000€ pour une ligne où près de 28% du kilométrage est réalisé à vide !
    • Cela impliquera certainement l’agrandissement du dépôt ou la construction d’un nouveau à proximité dont le cofinancement pourrait s’avérer judicieux pour en réduire les coûts d’exploitation. Il est dommage que le report d’un an de la mise en service de cette ligne n’ait pas été accompagné d’une anticipation de cette problématique ;
  • Action n°7 : Réduction des temps d’arrêts en permettant l’achat de tickets via des automates plutôt qu’à bord. Nous souhaitons un équipement des arrêts de tramway Mérignac Soleil, Quatre Chemins, Quinconces et Gare Saint Jean en automates pouvant distribuer à la fois des tickets TBM et des titres régionaux dans le cadre du marché conclu par Nouvelle Aquitaine mobilités (qui propose déjà cela dans d’autres agglomérations de la région) ;
  • Action n°8 : Amélioration du confort aux arrêts et de leur accessibilité. Les arrêts doivent proposer suffisamment de place assises et abritées au regard de leur fréquentation et disposer d’un éclairage en début de matinée et en soirée. Aux arrêts les plus importants, nous demandons l’installation de panneaux d’information voyageurs affichant les temps d’attente en temps réel des prochains passages pour permettre à chacune et à chacun de s’organiser en cas de retard. Nous demandons que l’ensemble des arrêts soient aussi rendus accessibles à pied et à vélo. Il n’est pas acceptable qu’il faille marcher dans un fossé ou dans la boue pour prendre son car comme au PEI Porte du Bassin ou au PEI d’Arès-Lège.

Nous demandons par ailleurs l’étude d’actions de moyen et long-terme pour rendre la ligne plus performante et ainsi faire gagner du temps aux habitants, et associer enfin les usagers au devenir de la ligne :

  • Action n°9 : Organisation d’une véritable concertation avec les habitants de la COBAN, de Bordeaux Métropole et de St Jean d’Illac pour que les choix ne soient plus réalisés contre les usagers mais pour et avec les usagers eux-mêmes. Nous rappelons que l’organisation de comités de pilotage entre élus et agents ne peut en aucun cas se substituer à une véritable concertation ;
  • Action n°10 : Equipement des futurs arrêts intermodaux des bus express en automates pouvant délivrer à la fois des titres métropolitains et régionaux. Nous demandons aussi que les futurs lignes de bus express de Bordeaux Métropole, qui auront des arrêts communs avec le réseau régional, soient aussi équipés de ce type d’automates. Il est dommage que cela n’ait pas été fait sur le bus express Gare St Jean – St Aubin de Médoc où circulent des lignes régionales dont la ligne Bordeaux-Lacanau, encore ralentie par des achats de titres à bord ;
  • Action n°11 : étude de voies réservées et d’une trémie entre la D106 et la D213. Le car express ne pourra être pertinent que sur un itinéraire où des priorités sont mises en place dans les secteurs les plus congestionnés. Nous demandons que des études soient lancées en partenariat avec le département pour fluidifier la ligne. Des initiatives dans ce sens ont été évoquées sans qu’une communication n’ait été faite aux élus. La réalisation d’une trémie entre la D106 et la D213 qui séparerait les flux Blagon -> Martignas des flux Le Las -> Blagon contribuerait par ailleurs à réduire la congestion chronique du secteur.

Nous appelons à un dialogue constructif et productif entre l’ensemble des exécutifs des collectivités et établissements mobilisés pour mettre fin à ce fiasco et rassurer les usagers désemparés.

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