Avec une hausse des prix évaluée à 6% ces derniers mois (et probablement encore davantage d’ici la fin de l’année) et une croissance atone gonflée artificiellement par des mesures de baisse de l’inflation (qui font mécaniquement augmenter la croissance puisque celle-ci se calcule en retirant le montant de l’inflation) financées par de la dette publique, notre pays est confronté à une crise majeure. Le projet de loi de finances rectificative voté définitivement ce jeudi 4 août est une loi d’urgence qui doit urgemment s’accompagner de décisions de long terme pour préserver notre pouvoir d’achat.
Sur la hausse de l’inflation, il faut d’abord en identifier les causes :
- 🛢️ Dépendance aux hydrocarbures dont les prix fluctuent au gré de l’offre et de la demande mondiale et dont on sait pertinemment que l’accroissement de la demande sera tendanciellement plus important que celui de l’offre dans les prochaines années, augmentant inexorablement les prix du pétrole ;
- 🌾Augmentation des prix des matières premières dont ont sait aussi qu’elle sera certainement durable ;
- Effet boule de neige des deux précédents effets sur les autres secteurs de l’économie qui voient leurs charges augmenter ;
- 👷 Manque de travailleurs poussant les entreprises à augmenter les salaires et à le répercuter sur leurs prix.
Face à cela, il faut urgemment :
- 🛥️ Réduire notre dépendance aux hydrocarbures par le développement du fret ferroviaire et fluvial qui souffre d’un équilibre économique défavorable dû à l’abandon de l’écotaxe poids lourds et au sous-investissement sur le ferroviaire qui en a découlé ;
- 🚆Réduire les déplacements individuels en voiture thermique (les transports constituent un tiers de nos émissions de CO2) et investir massivement dans les transports en commun (réseaux de RER métropolitains reliés aux territoires ruraux notamment) : l’exécutif a choisi la solution inverse en sabrant les investissements dans le réseau ferroviaire. Alors que les infrastructures routières (hormis les autoroutes en concession) sont financées par l’ensemble des contribuables, les infrastructures ferroviaires devront s’autofinancer davantage par les recettes tarifaires. La majorité socialiste avait précédemment soutenu cette mauvaise trajectoire en augmentant la TVA sur les transports en commun (toujours en vigueur). Avec les baisses du prix des carburants financées par la dette publique, l’insuffisance de l’offre dans les territoires péri-urbains, ruraux et dans les territoires d’outre-mer et la possible dégradation des petites lignes liées au sous-investissement, il y a un risque de report des usagers des transports en commun vers la voiture ;
- ♨️ Doubler les mises en chantiers de puits géothermiques (et réseaux de froid) compte-tenu du potentiel inexploité tant en Métropole que dans les outre-mer et installer systématiquement des panneaux photovoltaïques sur les projets immobiliers quitte à en avancer les frais le temps du remboursement de l’investissement ;
- ⚡Ne fermer des réacteurs nucléaires que lorsque l’accroissement de la production d’énergies renouvelables peut les compenser ;
- 🗑️ Mettre fin à la politique catastrophique de traitement de nos déchets qui consiste à les stocker et à les incinérer massivement alors mêmes qu’ils constituent une ressources qui pourraient pleinement se substituer à la majeure partie des ressources que nous importons ;
De manière globale, notre pays ne s’arme pas pour faire face aux prochaines vagues inflationnistes et met à mal la pérennité de l’action publique. En effet avec un déficit public de 5% prévu en fin d’année, l’exécutif nous envoie droit dans le mur. Les dépenses de l’État étaient l’an dernier de 161 milliards d’euros plus élevées que les recettes soit un endettement qui s’est accru en un an de plus de 2400€ par Français (il devrait être assez similaire en 2022).
Notre pays doit engager des chantiers durables pour solidifier notre économie, notre indépendance financière et nous sortir de la dépendance aux énergies carbonées qui amenuise en outre notre diplomatie, de plus en plus contrainte par les régimes autoritaires. Les stratégies de court-terme financées par un endettement qui réduira notre pouvoir d’achat demain doivent laisser place à des politiques structurelles. Encore faut-il du courage politique !